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De nouvelles bisbilles sur le prix du lait La hausse de 5,7 % pour le second trimestre 2010 n’est pas acquise

La question du prix du lait n’est pas réglée sur le fond. Les industries laitières « refusent de cautionner plus longtemps des indices qui masquent la réalité économique du secteur » tandis que les coopératives « demandent l’application progressive d’un indicateur de compétitivité ». La Fnpl ne s’oppose pas, sur le principe, à cette proposition mais l’accord du 3 juin doit d’abord s’appliquer.

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Faire vivre l’accord du trois juin dernier n’est pas chose aisée. L’annonce d’une hausse de 5,7 % du prix du lait par rapport au prix de la grille de base ne passe pas auprès des industriels du lait.


La question du prix du lait reste plus que jamais d'actualité.
(© Terre-net Média)
La Fédération nationale des industries laitières françaises (Fnil)  « ne cautionnera pas les indices de tendance des marchés laitiers du 2nd trimestre 2010 ». « La poursuite de la dégradation de la balance commerciale des produits laitiers en 2009 est la conséquence directe de la perte de compétitivité de la filière laitière française. »

La hausse de l’indice F1  correspond à une augmentation du prix de 16 € par 1.000 litres

Cette réaction fait suite à la réunion interprofessionnelle de suivi des indices de tendance du marché laitier qui s’est tenue ce jeudi 18 mars pour statuer sur leur diffusion au 2ème trimestre 2010.

L’évolution de ces indicateurs découlant de l’accord du 3 juin 2009 est, selon la proportion de mix produits en jeu, la suivante :

Autrement dit, du prix de base de 280 euros/1000 litres (moyenne 2009), la hausse de l’indice F1 du mix produits associé de 5,7 % correspond à une augmentation du prix de 16 € par 1.000 litres.

« Trouver une solution durable à la crise du lait et c’est bien au sein de l’interprofession qu’il est possible de la construire »

« Les représentants des producteurs porteront ces indices de tendance dans les prochaines réunions des interprofessions régionales pour application au 2ème trimestre 2010 », quoi qu’il arrive assure la Fnpl.

Aux problèmes de « compétitivité » évoqués par les industries laitières, la section « Lait » de la Fnsea répond « conjoncture ».

Abstention de l’Emb, de l’Opl et de l’Apli

Lors du conseil spécialisé lait de FranceAgriMer du 18 mars, l’Opl, en concertation avec l’Emb et l’Apli, s’est abstenue sur le vote pour l’augmentation de 2 % des quotas pour l’année en cours.
La France est aujourd’hui la seule à pratiquer une réelle régulation en ne réalisant pas son quota pour la 7e campagne consécutive et voter contre l’augmentation des quotas en France ne va pas faire réguler la production dans les autres pays européens.
Un vote pour aurait alors pu faire office de geste politique pour ramener les autres pays à la logique de la régulation.
En fait l’Opl considère que la conséquence du « oui » ou du « non » dépendra uniquement de l’utilisation qu’en fera le ministre de l’Agriculture français envers ses collègues européens.
Dans l’impossibilité de décider en lieu et place du ministre, l’Opl s’est abstenue sur ce vote, soutenue par ses collègues européens et français de l’Emb et de l’Apli.

Selon les producteurs de lait, il n’y a pas de problème de conjoncture qui justifie qu’il ne faille pas appliquer l’accord du 3 juin dernier. Quant aux problèmes de compétitivité, il faut comparer ce qui est comparable et ne pas réduire cet aspect aux seuls excédents mondiaux de poudre de lait et de beurre. La valorisation du lait en France est bien supérieure à celle des allemands, défend la Fnpl !

A la Fncl (coopératives laitières), le discours est plus modéré. La complexité des marchés du lait, mais aussi la connaissance qu’ont les responsables de ces organisations de la réalité sur le terrain, conduisent ces derniers à « trouver une solution durable à la crise du lait et c’est bien au sein de l’interprofession qu’il est possible de la construire ».

Pendant ce temps là, à FranceAgriMer et à Bagnolet

« En plus de la diffusion des indices de tendance pour le 2ème trimestre, des garanties doivent être données pour travailler dès à présent à la construction d’une nouvelle régulation », explique la Fncl. «Et à court terme, les coopératives laitières demandent l’application progressive d’un indicateur de compétitivité à partir du 3ème trimestre ».

L’idée est de donner aux entreprises de nouveaux outils qui, diffusés par le Cniel, permettraient aux transformateurs de fixer le prix et les volumes de lait produits en fonction de la conjoncture des marchés. Il faut que les hausses « segmentées » reflètent davantage les réalités des marchés.

Mais la question du prix du lait reste indissociable de celle de la maîtrise de la production, se sont attachés à rappeler les représentants des producteurs de lait de la Confédération paysanne venus faire un nouveau coup d’éclat devant le siège de FranceAgriMer ce même jeudi. Une réunion qui s'y tenait, portait sur la proposition d’augmenter de 2 % les quotas pour 2010/2011 (soit 500 millions de litres) et sur la répartition des volumes supplémentaires entre les régions. Cette proposition sera soumise à Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture.

Un rendez-vous

Persuadé que cette hausse pèsera sur les prix du lait en s’alignant in fine sur les prix mondiaux, le syndicat de Bagnolet s’y oppose formellement et soulève au passage l’attitude contradictoire de la Fnpl. « Elle demande en même temps une hausse du prix du lait et elle est favorable à une augmentation des quotas, ce qui conduira automatiquement à une diminutions des cours du lait ».

Ne se laissant pas abattre pour si peu, la Confédération paysanne va porter au ministre de l’agriculture l’affaire et demander pour cela un rendez-vous dans les prochains jours.

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